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Art senik anime la scène réunionnaise depuis 1990, isolé entre Saint-Leu et l’Étang-Salé, ce lieu hybride dévoué à l’art va bientôt franchir un nouveau palier. Galerie alternative qui s’est fait un nom au fil des années pour la pertinence de ses installations, Art senik restait encore précaire dans la mesure où l’endroit ne bénéficiait pas du réseau électrique. Bientôt cet oubli devrait être réparé et d’ici un mois et demi la galerie sera raccordée. Les travaux menés par l’équipe d’Art senik pourront alors prendre une nouvelle dimension. Armés d’une caméra, les artistes comptent bien donner à la vidéo la place qu’elle mérite dans ce lieu consacré à l’art contemporain.

“CONSERVER UNE TRACE”

Deux axes de travail ont été dégagés, avec d’une part une collection intitulée “instant de mémoire” qui aura pour but de filmer et de conserver les instants de création des artistes exposant dans la galerie saint-leusienne. “Depuis la création d’Art senik il s’est passé plein de choses et malheureusement il y en a qu’on n’a pas pu immortaliser parce qu’on n’avait pas de matériel, maintenant grâce à la Région on a pu s’équiper, et on va pouvoir conserver une trace du travail des artistes”, confirme Sophy Rotbard. La collection a d’ailleurs déjà commencé avec un premier film sur Christelle Patinon et son installation Ici nous ne vendons plus de belles sculptures Saramaca. “Quand on aura l’électricité on a envie de transformer Art Senik en un endroit où on peut visionner des vidéos auto-produites, pour le moment de tels lieux sont rares à la Réunion”, explique Hélène Coré. Car le but de ce projet vidéo n’est pas uniquement de constituer une collection “mémoire”, mais aussi de lancer des initiatives artistiques, autour du tournage et du montage de formats très courts. Par exemple “Orange”, une réflexion autour de la paix où avec les mêmes images trois artistes livrent une vision différente. “Le support vidéo permet aussi de voyager plus facilement avec son univers, on transporte plus facilement un DVD que tout le matériel nécessaire à une installation”, soulignent les artistes. Axé autour de formats courts, qui n’excèdent pas les 2 minutes, ce travail autour de l’image “permet à l’artiste de garder une trace de son processus de création” en ce qui concerne la collection “instant de mémoire”, et annonce le développement d’un travail plus personnel pour les films de création.

LUTTE CONTRE LE FN

Dans le même temps, l’équipe d’Art senik s’investit dans la lutte contre le Front National, en adhérant au collectif qui a récemment manifesté contre Marine Le Pen. Par ailleurs la galerie alternative continue à jouer son rôle puisque trois artistes de la Plaine-des-Palmistes y exposeront leur travail au mois de septembre. En attendant Sophy Rotbard souligne le “travail des bénévoles qui permettent à la structure de perdurer”. Hélène, Nadine, Stéphane, Nathalie et les autres apprécieront cette juste reconnaissance. Surtout en cette période “où les artistes galèrent, puisqu’en l’absence des touristes les cachets se font rares”. À ce titre Art senik est un exemple flagrant. Inscrite dans tous les guides, la galerie est habituellement visitée par de nombreux voyageurs, or cette année seul un couple d’autrichiens a visité les lieux. A.L