segolene-P4.jpgsegolene-P4.jpgsegolene-P4.jpgA la Réunion, la gauche dame “royalement” le pion à la droite
À La Réunion, les résultats du 1er tour de la présidentielle de 2007 confirment la hiérarchie électorale mise en exergue à plusieurs reprises par les sondages réalisés par Ipsos : Ségolène Royal (PS) largement en tête devant Nicolas Sarkozy (UMP), François Bayrou (UDF) et… Jean-Marie Le Pen (FN). Le grand perdant de cette consultation reste Paul Vergès, qui n’était pas candidat certes, mais dont la consigne en faveur de Marie-George Buffet (PCF) a totalement “foiré”, y compris dans les trois communes communistes.

La bonne nouvelle de la journée, c’est incontestablement le taux record de participation, la ruée vers les urnes ou le sursaut démocratique. C’est bon signe. Les électeurs se réapproprient la chose politique. Cette fois-ci, ils n’ont pas voulu se faire voler le débat comme en avril 2002. Les Français ont bel et bien tourné la page. 73 % de participation en métropole. Un taux historique. Du jamais vu depuis la première présidentielle de la Ve République en 1965. Localement, on est très loin des 43 % d’abstention du 21 avril 2002. Plus de 72 % de Réunionnais ont accompli leur devoir civique. En dépit de cette participation importante, La Réunion s’est une fois de plus illustrée par un vote à contre-courant. Cette “tradition” électorale a en effet été respectée. En 1995, Lionel Jospin l’avait emporté ici, alors qu’en métropole, il avait terminé 3e derrière Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen. Cinq ans plus tard, localement, Ségolène Royal (PS) arrive largement en tête devant Nicolas Sarkozy. Or, dans l’hexagone, le candidat de l’UMP la devance de cinq points. Dans le département, Ségolène Royal fait mieux que Lionel Jospin en 2002. Et en plus elle le venge en se qualifiant pour le deuxième tour. Avec 46,23 % de voix, à La Réunion, la candidate socialiste bat tous les records et réussi même pour une fois l’exploit de peindre en rose la petite commune de la Plaine-des-Palmistes. Du jamais vu dans cette localité de l’Est pourtant profondément enracinée à droite. Carrément historique ! Marco Boyer en perd son latin. Ségolène Royal l’emporte dans quasiment toutes les communes. Rappelons que 19 de ces localités sont pourtant tenues par des maires de droite ou divers-droite depuis la “vague bleue” de 2001.

BIPOLARISATION

Les mesures sociales (SMIC à 1 500 euros, augmentation de 5 % des petites retraites pendant 5 ans…) de la candidate socialiste ont manifestement eu beaucoup plus de portée que les projets économiques de Nicolas Sarkozy, notamment dans les quartiers populaires. La droite locale va devoir reprendre son bâton de pèlerin et repartir mouiller casaque sur le terrain si elle veut remonter la pente en vue des législatives de juin prochain. Dans les cinq circonscriptions de l’île, la gauche lui dame “royalement” le pion. Les résultats reflètent à bien des égards la physionomie de la campagne locale où le PS uni est resté fidèle à sa ligne de conduite en faisant bloc derrière sa candidate et en appelant au “vote utile” dès le premier tour. À droite, les “tâtonnements” ou autres déchirements sur la place publique ajoutés à une certaine mollesse n’ont pas avantagé le représentant nationalde l’UMP. Quant à la stratégie brouillonne de Paul Vergès, voulant au départ faire de la plateforme de l’alliance un enjeu présidentiel, puis appelant au dernier moment à soutenir la candidate du PCF Marie-George Buffet, déstabilisant ainsi les militants communistes, on peut dire qu’elle n’a pas du tout fonctionné. Avec 2, 97 % des suffrages, elle réalise un score lamentable. Paul Vergès n’a pas réussi à transformer le vote-sanction (anti-PS) en vote d’adhésion. Les militants communistes ne l’ont pas suivi. Le spectaculaire “raté” de la consigne de vote Buffet marque aussi quelque part la fin de l’ère Vergès, qui n’a manifestement plus la main-mise sur la base communiste. L’électorat a rejeté par la même occasion le “z’embrocal” de l’Alliance pour en revenir à une vraie bipolarisation de la vie politique en choisissant un duel classique gauche-droite et notamment les candidats dits “légitimes” des grandes écuries, même l’UDF François Bayrou (13,28 %) réalise pour la première fois un score à deux chiffres, porteur d’espoir pour les centristes.

Yves Mont-Rouge

1er tour en 2002

Inscrits : 436 885 Votants : 245 455 (53,35%) Suffrages exprimés : 233 155 Les candidats : Bruno Mégret : 2 019 (0,87%), Corinne Lepage : 2 228 (0,96%), Daniel Gluckstein : 510 (0,22%), François Bayrou : 5 814 (2,49%), Jacques Chirac : 86 488 (37,09%), Jean-Marie Le Pen : 8 884 (3,81%), Christiane Taubira : 4 883 (2,09%), Jean Saint-Josse : 1 148 (0,49%), Noël Mamère : 4 980 (2,14%), Lionel Jospin : 90 865 (38,97%), Christine Boutin : 2 133 (0,91%), Robert Hue : 2 890 (1,24%), Jean-Pierre Chevènement : 7 408 (3,18%), Alain Madelin : 2 450 (1,05%), Arlette Laguiller : 5 955 (2,55%) et Olivier Besancenot : 4 500 (1,93%)

1er tour en 1995

Incrits : 371 633 Votants : 237 140 (63,81%) Exprimés : 226 764 Les candidats : Philippe de Villiers : 5 060 (2,23%), Jean-Marie Le Pen : 6 554 (2,89%), Jacques Chirac : 79 765 (35,18%), Arlette Laguiller : 5 491 (2,42%), Jacques Cheminade : 2 142 (0,94%), Lionel Jospin : 68 839 (30,36%), Dominique Voynet : 4 322 (1,91%), Edouard Balladur : 30 684 (13,53%) et Robert Hue : 23 907 (10,54%)

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